Une kyrielle d’émotions et de mots enveloppe mes neurones, ma princesse est une marathonnienne du confinement, elle en est à son 3ème. Vous allez me dire comment ? Son premier confinement était un choix, un confinement de luxe in utéro, écoutant le bruit de mon corps, les sous bassements de sa prochaine vie, une oreille fine, une observatrice raffinée. La force douce, ce petit être confit né est plus fort que l’humain adulte de ce 3ème millénaire.
Cette petite princesse est démocrate dans l’âme, elle n’a pas perturbé mon quotidien, elle l’a respecté mon programme au détail près sauf pour quelques injonctions avant le grand jour. Je voulais reprendre une alimentation saine équilibrée, reprendre le sport, mes activités intellectuelles, ce fût un immense plaisir de lire des articles et des livres, ce fût des voyages dans le temps, je faisais la vidange des idées, du jargon, une mise à jour nécessaire.
Quand je me sentais fatiguée, une petite voix me disait, c’est juste une manière de te défiler, il faut continuer, c’était le cas. Je persévérais jusqu’à la dernière goutte de mon énergie. Je devais absolument rendre un manuscrit important, un premier livre après des années de dur labeur dans la didactique du patrimoine oral. C’était une occasion de huiler la matière grise, une autre étape a été franchie.
Durant la période estivale, j’ai intensifié le sport tout en écoutant mon corps, sauf que mom sixième sens a été berné par le 1.4 kg de circuits synaptiques. Je perdais des kilos, je restais insatisfaite, mes lectures m’ont absorbées , les balades estivales, les virées dans les alentours.
Un lâcher prise dont je me suis culpabilisée à l’avènement de l’automne, l’humeur était vagabonde, mon petit bonheur faisait les molaires en outre un rhume, plusieurs rechutes, le miel était mon alibi, je prenais du propolis sauf que moi, il a loué un airbnb dans mes narines pour un bon moment, il a réservé pour les vacances de la Toussaint, son séjour était écourté par un antibiotique que j’avais banni depuis plus de 7 ans.
Pour vaincre ce rhume, j’essayais de marcher, faire des petites courses des balades avec mon petit bonheur, on se créait des souvenirs à deux en dehors des murs. Je revenais toujours fatiguée, je ne le réalisais pas, même si mon homme me le faisait remarquer, toujours la même réponse, s’occuper d’un enfant en bas âge c’est fatiguant, en plus de plusieurs activités en parallèle. En mi-novembre, j’attendais ma consultation médicale, mon corps souffre, je ne sais pas comment le soulager, j’avais une appréhension que ce rendez-vous m’empêchera de terminer mes projets surtout mes vacances de Noël. J’essaie d’être positive , je me disais, tu es en surpoids, tu dois te reprendre en plus j’avais détectée que j’étais anémique suite à une conversation avec ma cousine dans le domaine médicale. Durant cette période là, j’avais beaucoup de crampes d’estomac, le stress impactait le système digestif, je prenais du charbon naturel, par magie, cela a aidé, ses mouvements passaient pour des gargouillements.
Le jour J, j’ai pris du charbon naturel, la douleur s’intensifie, j’ai pris la fameuse pilule rose pour calmer l’orchestre intestinal, une bouillotte chaude, je pense que ce duo infernal a déclenché le processus de l’accouchement, 45 minutes après, la douleur a atteint son acmé, on dirait une lave brûlante, l’arrivée du Samu me paraissait interminable surtout ce matin-là, c’était une grève intersyndicale nationale, il fallait pousser le suspens jusqu’au bout, documents préparés, ils se pointent à 10h05, Mme vous êtes enceinte, je nie catégoriquement, tout en argumentant, avec le peu de lucidité que j’avais. J’étais incapable de bouger, la dame était agressive, le jeune qui l’accompagnait, il était dans l’empathie, j’ai pu faire les deux pas pour m’asseoir sur la chaise roulante, évitant le regard de mon petit bonheur apeuré, j’étais censée prendre soin de lui, de mes invités alors que c’est l’inverse. Dix longues minutes, comme une sonate plate, vibrante par moment. Arrivée à destination, j’ai eu droit au spectacle des embrassades du personnel, la symphonie montait Cresendo, j’ai essayé d’être consciente, d’être sur mes gardes, la réponse était toujours non aux questions posées , les traces du temps ont égayé son visage, il a posé une demi question pour détourner mon attention pour faire une écho in extremis, une force phénomènale surgit après avoir entendu la fameuse phrase :Mme vous allez accoucher dans 5 mn.
Ce premier confinement pris fin sous les éclats de rire… Des regards curieux… Un fait divers insolite aux urgences.
Le deuxième confinement était une occasion pour ma petite princesse de se faire présenter, de rencontrer ce monde écouté à travers ce cordon ombilical, elle a créé sa bulle à elle, son rythme à elle, il fallait trouver ces codes et reprogrammer notre quotidien avec elle. Mon petit bonheur était curieux de la connaître même s’il était le premier à sentir sa présence, ils firent connaissance puis on suivait leur rythme. C’est un monde fascinant, plein d’espoir, persévérant, beaucoup de challenges, leur monde est plus compliqué car ils créent tout de tout pièce, alors que nous nous avons le minimum des éléments.
Cette génération de confits nés ont beaucoup de leçons à donner à leurs aînés, la patience et l’écoute sont un remède ancestral pour cette époque future que nous vivons…